Donald Trump ouvre la voie à une réserve nationale américaine en cryptomonnaies
Donald Trump avait promis pendant sa campagne électorale qu'il prendrait des mesures visant à promouvoir l'essor des cryptomonnaies aux États-Unis et faire du pays le leader mondial dans le domaine des actifs numériques. Il avait également promis d'interdire les monnaies numériques de banque centrale (MNBC) et de constituer une réserve nationale d'actifs numériques. Quelques jours après sa prise de fonction officielle, il s'est attaqué à ce vaste chantier.
Donald Trump a signé le 23 janvier un décret qui demande à son administration d'établir des « politiques amicales » pour donner au secteur des cryptomonnaies une base solide aux États-Unis et d'envisager la création d'un stock national d'actifs numériques. Ce décret pourrait permettre au secteur d'aller de l'avant aux États-Unis grâce à un cadre plus accueillant établi par la Maison-Blanche. Le décret du président fait face néanmoins à de vives contestations.
Le groupe de travail sur les actifs numérique sera dirigé par David Sacks, un capital-risqueur de la Silicon Valley nommé « tsar de l'IA et des cryptomonnaies » à la Maison-Blanche. Le décret du président américain Donald Trump comprend plusieurs mesures clés. Les principales dispositions sont les suivantes :
- interdiction des monnaies numériques de banque centrale (MNBC) : le décret interdit la création et l'utilisation de MNBC aux États-Unis, reflétant les préoccupations concernant la confidentialité et le contrôle financier associés à ces monnaies ;
- révision des réglementations existantes : le groupe de travail doit identifier toutes les réglementations qui touchent actuellement les cryptomonnaies dans un délai de 30 jours, recommander de modifier ou d'annuler ces réglementations dans un délai de 60 jours et déposer un rapport avec de nouvelles recommandations dans un délai de 180 jours ;
- protection des droits des utilisateurs : le décret vise à protéger les droits des entreprises et des citoyens américains à effectuer des transactions, à conserver eux-mêmes leurs cryptomonnaies, à miner des cryptomonnaies, à valider des transactions sur la blockchain et à lancer des logiciels blockchain ;
- promotion des stablecoins adossés au dollar : le décret encourage le développement mondial de stablecoins soutenus par le dollar américain, afin de renforcer la position du dollar dans l'économie numérique.
Le décret de Donald Trump révoque également le décret de 2022 pris par l'ancien président Joe Biden sur les cryptomonnaies, et demande au département américain du Trésor de révoquer de la même manière sa réglementation sur les actifs numériques découlant du décret de Joe Biden.
Les décrets peuvent poser des questions juridiques délicates. Ni le Congrès ni les agences de régulation indépendantes ne sont techniquement tenus de respecter leurs exigences, mais les alliés républicains de Donald Trump dans ces instances sont susceptibles de s'en remettre aux souhaits exprimés dans le document.
Comment cette réserve stratégique nationale pourrait-elle être mise en place ?
Selon les analystes, « le stock national d'actifs numériques pourrait être potentiellement dérivé des cryptomonnaies légalement saisies par le gouvernement fédéral dans le cadre de ses efforts d'application de la loi ». L'U.S. Marshals Service vend généralement aux enchères des bitcoins saisis, ainsi que d'autres cryptomonnaies comme l'ether et le litecoin. Donald Trump avait promis lors de sa campagne électorale de changer d'approche s'il était élu président.
Il avait déclaré qu'il veillerait à ce que le gouvernement fédéral ne vende jamais ses avoirs en bitcoins, bien que l'ordonnance de jeudi ne mentionne pas le bitcoin. « Si je suis élu, la politique de mon administration, les États-Unis d'Amérique, sera de conserver 100 % de tous les bitcoins que le gouvernement américain détient actuellement ou qu'il acquerra à l'avenir », avait-il déclaré en juillet lors d'une conférence sur le bitcoin à Nashville, dans le Tennessee.
Les décrets n'ont pas beaucoup de poids juridique, mais ils peuvent donner le ton d'une administration sur un sujet spécifique. Il s'agit donc d'un premier pas de la part de Donald Trump, qui est passé de détracteur des cryptomonnaies lors de sa première présidence à soutien incontesté de ces actifs aujourd'hui.
Selon les experts juridiques, une réglementation complète du secteur américain des cryptomonnaies pourrait nécessiter une combinaison d'actions du Congrès, de règles de mise en œuvre des organismes de réglementation et de décisions des tribunaux fédéraux qui soutiennent le tout.
Le Congrès à majorité républicaine a ses propres projets concernant la surveillance des cryptomonnaies, notamment la réouverture du processus législatif qui a déjà produit un projet de loi sur la structure du marché et un projet de loi sur les stablecoins lors de la dernière session. Il n'est pas certain que le processus mis en place par Donald Trump encourage les législateurs à suspendre leurs propres efforts sur les cryptomonnaies dans l'intervalle.
« J'ai hâte de collaborer avec le président Trump et son équipe pour apporter de la clarté, du choix et des opportunités à ce secteur important de notre économie du 21e siècle », a déclaré le nouveau président de la commission bancaire du Sénat américain, Tim Scott, un républicain de Caroline du Sud.
De nombreux adeptes des actifs numériques intégrés dans l'administration Trump
Donald Trump, qui avait critiqué les cryptomonnaies lors de sa première présidence, a changé de discours lors de la campagne présidentielle de 2024 et a attiré les dons de l'industrie. Selon certains rapports, les contributions du secteur des cryptomonnaies ont représenté près de la moitié des dons des entreprises lors du cycle électoral de 2024, certains ayant contribué à hauteur de dizaines de millions de dollars pour aider Trump à remporter un second mandat.
Depuis sa victoire à l'élection présidentielle de novembre 2024, Donald Trump s'est attaché à nommer des responsables gouvernementaux qui soutiennent le secteur des cryptomonnaies. Paul Atkins a été nommé à la présidence de la Securities and Exchange Commission (SEC). Paul Atkins, un ancien commissaire de la SEC, est connu pour ses politiques favorables au marché et son opposition à une réglementation trop stricte à l'égard des cryptomonnaies.
S'il est confirmé dans ses fonctions, il succédera à Gary Gensler, dont l'application agressive de la réglementation sur les cryptomonnaies a semé la discorde dans le secteur. Cette semaine, la SEC a annoncé la formation d'un nouveau « groupe de travail sur les cryptomonnaies », qui sera dirigé par la commissaire Hester Peirce. Cette dernière est notamment surnommée « Crypto-Mom » en raison de son soutien affiché aux monnaies numériques.
Elle défend un cadre réglementaire qui favorise l'innovation au lieu de l'entraver. Scott Bessent, gestionnaire d'un fonds spéculatif favorable aux cryptomonnaies, a été choisi par Donald Trump pour diriger le département du Trésor. Il a déclaré lors d'un récent événement que « la guerre contre les cryptomonnaies est terminée ». « Ce n'est que le début de la reconquête par l'Amérique de sa position de leader mondial de l'innovation », a-t-il déclaré.
L'impact environnemental des cryptomonnaies pourrait être exacerbé sous Donald Trump
Selon de nombreux analystes, s'il tient ses promesses de campagne, la nouvelle présidence de Donald Trump sera marquée par une déréglementation effrénée. Les données révèlent que la précédente administration Trump (du 21 janvier 2017 au 21 janvier 2021) a supprimé plus de 100 réglementations environnementales et a rempli la Cour suprême de juges dont les décisions ont réduit la capacité des agences fédérales à réglementer l'industrie.
Les centres de données, qui consomment plus d'énergie lorsqu'ils sont utilisés pour l'entraînement de l'IA, sont devenus un sujet brûlant en matière d'environnement. Jusqu'à récemment, les gains d'efficacité énergétique ont permis à la consommation d'énergie des centres de données de rester relativement stable. Avec l'essor de l'IA et la baisse des gains d'efficacité, la demande d'électricité des centres de données pourrait grimper d'environ 160 % d'ici à 2030.
Les États-Unis comptent plus de centres de données que n'importe quel autre pays, et leur appétit croissant pour l'électricité pourrait entraîner une augmentation de la pollution dans le secteur de l'énergie. Pour s'assurer de ne pas manquer d'énergie, ces entreprises ont pris d'assaut le secteur nucléaire et investissement désormais massivement dans de petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR). Cependant, cette technologie n'a pas encore fait ses preuves.
Les centres de données classiques se branchent toujours sur le réseau électrique local, et les États-Unis tirent 60 % de leur électricité des combustibles fossiles. Donald Trump a déjà abrogé un plan de l'ère Obama visant à réduire les émissions des centrales électriques et l'a remplacé par une réglementation plus souple, une décision qui, selon l'EPA, entraînerait « des milliers de décès supplémentaires et des cas d'asthme exacerbés en raison de la pollution élevée ».
L'administration Biden a introduit des normes plus strictes pour les centrales électriques au charbon, mais a reporté la décision sur les émissions du parc existant de centrales au gaz jusqu'à la fin de l'élection. Aujourd'hui, avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, ces règles sont menacées.
Source : décret du président américain Donald Trump
Et vous ?
Quel est votre avis sur le sujet ?
Que pensez-vous des principales dispositions du décret de Donald Trump sur les actifs numériques ?
Quels pourraient être les impacts de ce décret sur le secteur des cryptomonnaies ? Quels sont les risques ?
Voir aussi
Ce que signifie la victoire de Donald Trump pour les géants de la technologie tels que Google, Apple et Microsoft : un potentiel assouplissement des réglementations face à la montée des menaces antitrust
Donald Trump propose un stock national stratégique de cryptomonnaies : « Ne vendez jamais vos bitcoins », il s'opposera aux monnaies numériques de banque centrale et fera grâce au créateur de Silk Road
Donald Trump accorde la grâce « totale et inconditionnelle » à Ross Ulbricht, le développeur de Silk Road qualifiée « d'eBay de la drogue », estimant que la peine était disproportionnée par rapport au crime