
La tentative d'enlèvement est survenue dans la journée du 13 mai dans le 11e arrondissement de Paris. Quatre hommes encagoulés et armés ont attaqué un couple et leur enfant. Selon des images vidéo, trois hommes masqués ont sauté d'une fourgonnette et ont essayé de forcer la femme et son enfant à monter dans le véhicule. Les assaillants ont frappé le compagnon de la femme qui a tenté de s'interposer. Toutefois, le projet des criminels a échoué.
Selon le récit de la police, la femme a également résisté, s'est emparée d'une des armes de poing des agresseurs et l'a jetée au loin, et les cris des victimes ont fini par attirer les passants. Les agresseurs ont pris la fuite à bord de leur camionnette qui a été retrouvée à proximité. Il s'agit en effet de la dernière d'une série troublante d'incidents violents visant des figures importantes de l'industrie française des cryptomonnaies, qui est en pleine croissance.
La femme que les agresseurs ont tenté d'enlever est la fille du PDG et cofondateur de Paymium, une plateforme française d'échange de cryptomonnaies. Les événements du 13 mai font suite à l'enlèvement, en janvier 2025, du patron français de la cryptomonnaie David Balland et de sa compagne.
David Balland, cofondateur de la société de cryptomonnaie Ledger, s'est fait couper le doigt par les ravisseurs. « Les ravisseurs ont demandé une importante rançon en cryptomonnaies », ont indiqué les procureurs, sans préciser le montant ni dire s'il avait été payé. Au moins neuf suspects ont été arrêtés depuis, dont le cerveau présumé. En mai, un gang a enlevé un homme pour forcer son fils, un millionnaire en cryptomonnaies, à payer une rançon.
La police a arrêté sept personnes après un raid visant à libérer l'homme. Ces attaques ont effrayé le secteur, qui a demandé, de manière quelque peu ironique, au gouvernement de renforcer ses protections. Selon Reuters, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, envisagerait de rencontrer cette semaine les entrepreneurs français du secteur des cryptomonnaies dans le but de les sensibiliser aux risques et de prendre des mesures pour les protéger.
Retour sur l'enlèvement et la détention du cofondateur de Ledger
Les récents incidents survenus en France vont au-delà des escroqueries financières ou des violations dans le cyberespace, et impliquent une coercition en personne qui affecte souvent non seulement les individus eux-mêmes, mais aussi leurs familles. En captivité, David Balland a subi des violences physiques visant à l'obliger à accéder à ses avoirs en cryptomonnaies. Les ravisseurs lui avaient coupé un doigt, comme moyen de pression et comme preuve de sa captivité.
Les agresseurs ont ensuite envoyé une vidéo du doigt coupé à l'associé de David Balland, identifié dans les rapports de police comme le cofondateur de Ledger, Éric Larchevêque. La vidéo était accompagnée d'une demande de rançon de 10 millions d'euros en cryptomonnaie. Cependant, Éric Larchevêque a immédiatement contacté les autorités françaises, ce qui a déclenché une enquête coordonnée impliquant plusieurs équipes d'application de la loi.
En l'espace de 48 heures, la police a localisé David Balland dans une maison à Châteauroux, à environ une heure du lieu de l'enlèvement. Une descente a été effectuée et David Balland a été retrouvé vivant et transporté à l'hôpital pour y être soigné. Le lendemain, sa femme est également retrouvée par la police, ligotée dans le coffre d'une voiture garée dans l'Essonne, au sud de Paris. Secouée, la police a déclaré qu'elle ne souffre pas de blessures graves.
Les autorités ont révélé qu'une partie de la rançon demandée avait été payée avant que Balland ne soit retrouvé. Les analystes pensent que les forces de l'ordre ont autorisé un petit transfert de fonds pendant les négociations, peut-être pour prolonger les pourparlers et mieux localiser le groupe.
La plupart des cryptomonnaies transférées ont été récupérées ou gelées par la suite. L'affaire a été largement couverte par les médias français et internationaux. Lors d'une conférence de presse tenue le 23 janvier, Laure Beccuau, procureur de Paris, a qualifié ce crime d'actes de torture et de barbarie. Pascal Gauthier, PDG de Ledger, a publié une déclaration publique exprimant son soulagement de voir David Balland et sa femme revenir sains et saufs.
La réponse inattendue des initiés du secteur des cryptomonnaies
L'augmentation soudaine du nombre d'attaques imitées en France, en Belgique et en Espagne au cours des derniers mois semble indiquer que le vol de cryptomonnaies en tant que tactique a attiré l'attention du crime organisé. (La tentative d'enlèvement de cette semaine fait déjà l'objet d'une enquête de la part de l'unité de lutte contre le crime organisé de la police parisienne.) La situation inquiète à la fois les autorités françaises et les acteurs du secteur.
Les autorités de régulation et les services répressifs mettent depuis longtemps en garde contre le rôle des cryptomonnaies dans la criminalité. Le Groupe d'action financière (GAFI), l'organisme mondial chargé de lutter contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, a averti que « les actifs numériques risquent de devenir un refuge pour les transactions financières des criminels et des terroristes ». En effet, les criminels se croient en sécurité.
Les initiés de l'industrie sont convaincus que le crime organisé aime ces attaques parce qu'il croit (à tort) que les transferts de cryptomonnaies sont intraçables. C'est pourquoi des personnes comme Jonathan Levin, PDG de Chainalysis, tentent de mettre la puce à l'oreille des patrons du crime.

La dernière tentative d'enlèvement est remarquable pour plusieurs raisons. Il s'est déroulé dans un quartier peuplé pendant les heures de classe et n'a pas visé directement un entrepreneur en cryptomonnaies, mais sa famille proche. Comme souligné plus haut dans cet article, l'affaire a suivi de près d'autres enlèvements liés aux cryptomonnaies, ce qui a suscité des inquiétudes supplémentaires quant à l'existence d'un schéma criminel ciblé en France.
Les initiés du secteur ont exprimé leur inquiétude quant aux risques d'exposition publique. Alexandre Stachtchenko,...
La fin de cet article est réservée aux abonnés. Soutenez le Club Developpez.com en prenant un abonnement pour que nous puissions continuer à vous proposer des publications.